Aventures...

par Nadège CY...et elles

Raid Amazones dernier jour : trail 9,4 km

L’heure du dernier levé est arrivé. Ce matin nous nous préparons une dernière fois pour un trail de 9,5km à travers la forêt tropicale. Encore une découverte des magnifiques lieux que nous offre le Cambodge.

Le départ se situe au niveau du temple de Bayon, le temple aux visages sculptés dans la pierre. Nous profitons des quelques instants qui précèdent le Top départ pour ancrer toute cette splendeur dans nos yeux, dans notre esprit et réalisons quelle chance nous avons d’évoluer sur ces sites magiques.

Le départ est donné par vagues de 2 équipes toutes les 7 secondes dans l’ordre de notre classement de la veille. Musique d’ambiance, quelques pas sur Jérusalema comme chaque matin histoire de réveiller notre corps, de s’échauffer intérieurement car la température extérieure est déjà bien chaude et moite.

3-2-1 C’est parti, le départ est donné !

Très rapidement la chaleur se fait ressentir et certaines équipes marchent. La fatigue de l’accumulation des épreuves couplé au manque de sommeil puise grandement dans notre énergie.

Nous emboitons le pas de nos accolytes du jour sur ce grand chemin parsemé de gros cailloux, tels des pavés. Nous courons doucement mais sûrement, il ne faudrait pas faire un coup de chaud ou une mauvaise chute dès le départ. Le sol est instable, un petit chemin sableux sillonne au milieu des pierres et nous oblige à nous mettre en file Indienne.

Je me mets devant et donne un rythme à notre équipe, jetant un coup d’oeil régulier derrière pour voir si Brigitte suit. Mes sens sont tous en en émoi, écouter les pas, le souffle, regarder si les guêtres oranges sont bien là juste derrière, ne pas chuter, indiquer les dangers aux poursuivantes…. Boire pour ne pas se déshydrater avant que la soif ne tiraille car là c’est trop tard, observer les km qui défilent.

Nous attaquons un petit sentier étroit, sinueux, perdu au fin fond de la végétation cambodgienne, faire attention aux racines en bas et aux lianes en haut, aux branches sur les côtés… Mais j’avoue j’adore, le temps passe plus vite, on joue à zigzaguer au milieu de cette forêt.

La stratégie : reprendre son souffle quand on est bloqué derrière un groupe et attendre le moment opportun pour les doubler et continuer sur cette lancée. Cette stratégie paye car nous remontons pas mal d’équipes et ça c’est bon pour le moral après 2 jours à se faire doubler sans cesse.

Les sens toujours en émoi, ma montre sonne tous les km pour nous rappeler de boire au cas où par un manque de lucidité nous oublierions…

Brigitte retrouve du souffle entre 2 et c’est à coups de « attention on passe à gauche » que nous faisons notre chemin dans cette forêt étouffante d’humidité.

A chaque fois que nous passons sur le côté nous devons redoubler de vigilance car les feuilles cachent des pièges tels que racines ou trous, lianes..

Prévenir les suivantes, bienveillance qui fait l’âme du trail. Bon sauf qu’en tête, personne nous prévient et paf, mon pied se prend dans je ne sais quoi qui me déséquilibre vers l’avant, l’autre pied rattrape le coup, la tête se relève à la force de tout mon corps et je ne chute pas… Pourtant j’y ai bien cru. Pas eu le temps de prévenir derrière mais la scène a dû être tellement explicite, à hauteur des noms d’oiseaux évoqués … Un légère douleur au dos mais qui heureusement va passer rapidement… Cela m’a valu une petite accélération fortuite, Brigitte suit, nous continuons sans nous arrêter.

Le chemin continue de sillonner et nous retrouvons tout à coup dans un espace large et éclairé. Je reconnais tout de suite le site, il s’agit de la zone de ravitaillement du premier jour. Et de la même manière, nous sortons de ces quelques mètres de lumière par une micro côte casse patte pour de nouveau plonger dans cette nature profonde et enivrante. Les km continue à défiler et arrivées à la moitié, j’indique à Brigitte : « ça y est nous rentrons à la maison » bref, la ligne d’arrivée n’a jamais été aussi proche, la ligne de départ aussi loin.

Le paysage s’éclaircit de nouveau et comme toujours, nos sympathiques bénévoles nous encouragent à chaque CP. « Ravitaillement très bientôt » … Enfin, celui là devient nécessaire car nous corps ont bien chauffé dans cette fournaise… « A droite, le chemin est à droite » !!! Nous crie t il ! oh la la !! un peu plus et nous rallongions la course de quelques kilomètres par faute d’inattention ! Heureusement le balisage est tellement bien fait que nous nous en serions aperçues rapidement mais au détriment d’une énergie dépensée inutilement. Cela a eu le mérite de partir dans un bon fou rire …

Nous sinuons dans un espace complètement dégagé, le sol est sableux, les appuis sont fuyants, il fait vraiment chaud. J’entends le souffle de Brigitte qui s’intensifie, il faut dire que je lui impose un rythme assez soutenu. Je lui propose de ralentir, ce qu’elle refuse naturellement mais la consigne est claire ! Je ne veux pas qu’elle tombe de déshydratation comme certaines de nos accolytes. Prendre le temps pour mieux repartir, nous allons le faire 2 ou 3 fois avant le ravitaillement. Avec cette chaleur c’est nécessaire. Et parlons du ravitaillement, il arrive enfin. Pastèques, ananas, noix de cajou, fruits secs, eau salée, eau sucrée et bassines pour rafraîchir le corps. Tout y est ! Je crois que j’ai dû manger l’équivalent d’une pastèque entière cette semaine ! Sucrée, goûteuse, elle glisse tout seul sans effort, l’ananas bien sucré me remet du peps. Brigitte, elle, préfère les noix de cajou et les ananas confits.

Nous prenons le temps de nous arroser le corps pour faire redescendre la température corporelle et libérer les pores de notre transpiration. Un coup sûr le tête et c’est reparti. Le bénéfice se fait immédiatement sentir, une sensation de fraîcheur nous gagne dès les premiers pas de course.

Sous la sécurité du staff nous traversons une route, la seule de cette étape pour replonger dans la forêt pour les 2 derniers kilomètres. Les mètres défilent comme les précédents, nos corps subissent les premiers kilomètres déjà parcourus mais notre tête est focalisée sur la ligne d’arrivée… La dernière !

Plus que 1600m ! Allez c’est le tour d’échauffement à Pessac.

Plus que 600m ! On y est presque !

Plus que 200m les filles, vous y êtes ! Et oui dernier virage et hop la ligne d’arrivée apparaît ! Les premières arrivantes sont là pour nous encourager comme chaque jour ! La musique bat son plein ! C’est la fête ! C’est top !

Christine Taieb et Alexandre Debanne sont là pour nous accueillir et nous donner notre médaille d’Amazones !

A-M-A-Z-O-N-E-S ANGKOR 2024 ! Tellement fières de nous ! Quelle aventure !

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